samedi 2 octobre 2010

Les Temps Morts

Quoi de mieux que de commencer le mois d'octobre avec une petite vidéo?

Les Temps Morts est un court métrage réalisé par René Laloux en 1964. Mélangeant des dessins de Roland Topor, des animations qui flirtent avec le surréalisme, et des prises du vues variées; on peut en effet voir des enfants asiatiques qui jouent dans la rue avec des armes, des images de corrida, de poissons, ou encore d'hommes guillotinés, le film nous résume l'essence même de l'homme, d'un point de vue terriblement ironique. L'homme fait la guerre, l'homme tue des hommes, l'homme chasse, l'homme se fait abattre.



Quelque part, dans une galaxie peu fréquentée, une planète comme une autre. Sur ce monde vivent des êtres pourvus de quatre membres, deux pour avancer ou reculer, les inferieurs, deux pour tuer, les supérieurs.

L’homme. Principale ressource : la mort. Il en vie, il en meurt aussi. Dès son plus jeune âge il s’entraîne. Il est généralement borné, mais doué. Et presque aussitôt il passe à la pratique.

Quand l’homme s’éteint il allume la flamme puis, hébeté, il regarde autour de lui, il médite, il regrette. Ce n’est pas tout d’accumuler des morts, encore faut il savoir les honorer.

L’homme, en effet, est un être respectueux, respectable même. Il se découvre, il salue, il défile. Il donne aux morts. Il prête aux vivants.

Etrange, il reste toujours des vivants. Il en faut pour pouvoir recommencer. Que faire pour ce cadavre du futur ? Lui donner l’oubli, donc des loisirs. Et que fait l’homme quand il ne tue pas ses semblables? Il tue ce qui leur ressemble le plus.

L’homme pense, donc il vit bien. Il tue tout ce qui mord, rue, fonce, souffle. Tout ce qui est agressif. Vainqueur on l’acclame, vaincu on le pleure. Entre deux guerres, entre deux chasses, il y a les temps morts. On les rempli comme on peut, à la sauvette, en humble bricoleur.

Ciel, ma femme, mon mari, ma cousine, mon invité ! Tous les prétextes sont bons pour se faire la main. Chacun pour soi et les gros titres pour tous. Le crime ne paie pas, mais il rapporte. Parfois aussi il mène loin. Il faut y soigner les détails, travailler dans le gros, oublier l’artisanat.

Le troisième homme, le quatrième bras du décapité vivant, la septième victime, le treizième crime du sadique, le quarante-deuxième barbu.

Mais tant va l’homme au meurtre que la justice fini par s’en mêler. Les tueurs jugent les tueurs, et les morts se lèvent pour offrir la tête de leurs bourreaux à d’autres bourreaux. Le monde, en effet, est un cercle vicieux.

« Je m’accuse, mon père, d’avoir été un homme. »

« Je vous pardonne, mon fils. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire